Autrefois, il arrivait aux Peluches d’ajouter des boîtes de conserve à leur accoutrement pour en amplifier le bruit.
Comme les sonnailles et peaux nécessaires à la confection du costume coûtaient relativement cher, des costumes recouverts uniquement de ces boîtes étaient également privilégiés par certains pour participer aux bruyantes réjouissances à moindre frais.
Ces personnages au tempérament similaire à celui des Peluches, mais toutefois moins connus et moins fréquents, se nomment les Boîtes ou « Lè Boueùthe » en patois.
Dimanche Gras : Le grommellement du carnyx
Le Dimanche Gras, à la sortie de la messe, une Boîte fait retentir le carnyx, une trompe d’origine celtique en cuivre, afin d’annoncer le début de la déferlante des Empaillés et des Peluches.
Le ciel d’Évolène se fend, chaque Dimanche Gras, d’un cri venu d’un autre temps. Au sortir de la messe, alors que les cloches balbutient encore les dernières notes sacrées, la foule se fige, happée par une présence que nul ne nomme, mais que tous sentent. Elle est là. Une silhouette claudique dans la lumière hivernale, bardée de tôles et de ferraille, une Boîte. Dans ses bras tordus : un carnyx, trompe des temps celtiques, dont le pavillon imite la tête d’un sanglier enragé. Son masque d’humain est couverte d’une gueule de sanglier également.
Perchée sur une hauteur, enfin, elle se met à tuber. Le cri rauque du carnyx déchire le calme. Ce n’est pas une note, c’est un grommellement — celui du sanglier sacrifié, qui meurt encore et encore pour que vive l’ordre des saisons. Son geste permet de nourrir lè Mâske (les personnes masquées), à grands coups de sangliers traditionnels à la broche, durant la journée du Dimanche Gras, une des dernières ligne droites dans la lutte contre les mauvais esprits de l’hiver.
Et voilà qu’elles arrivent : les Peluches, couverts de peaux de bêtes malodorantes qui ouvrent le passage en courant et en hurlant. Derrière elles, des géants de paille, difformes et hagards, les Empaillés. Et dans la vallée, ce jour-là, Évolène n’est plus un village. C’est un théâtre de lutte ancienne.