Le dernier samedi avant Mardi gras, les «Maries» sortent dans les villages. Les «Maries» sont une bande de jeunes hommes motivés rejouant certaines scènes de la vie d’une vraie Marie, ayant vécu aux Haudères et décédée il y a une trentaine d’années.
Les anciens se rappellent d’elle. Une femme très grande, très grosse. «Elle ne trouvait pas à se marier parce qu’elle était trop grande», raconte une habitante des Haudères qui l’a côtoyée. «Elle avait vécu une dizaine d’années en France, puis était revenue au village au début de la guerre. Elle est arrivée en se croyant plus instruite que la normale, elle écrivait des lettres au Général de Gaulle». Mais surtout, elle était connue pour raconter à tout le monde ses problèmes intimes. Et elle le faisait en patois mâtiné d’accent français qui faisait hurler de rire les jeunes. Qui l’ont imitée, qui en ont rajouté, et qui ont fait naître et vivre la légende. Elle disait: «Ché tota pou pou ballonay constupay» «Je suis toute un peu ballonnée constipée ») à qui voulait – ou ne voulait pas – l’entendre. Et bien d’autres détails délicieux de la plomberie intime de cette hypocondriaque qui s’ignorait.
Aujourd’hui, le samedi du carnaval, les nouvelles «Marie» sillonnent les villages d’Evolène, entrent dans les bistrots, interpellent les passants avec des thèmes au goût du jour: «Ne t’inquiète pas, je me protège», rassurent-elles. Et dans leurs poches, des médicaments, des préservatifs, des pilules.
Si cette coutume est moins connue, c’est qu’elle n’a de sens que pour les gens qui comprennent le patois d’Evolène.
Mais le seul fait de voir ces hommes grimés en costume d’Evolène, cachant une chambre à air sous leur robe, est un spectacle en soi.
Source : Le Nouvelliste du 7 mars 2011, article de Sonia Bellemare
Comme expliqué dans la partie histoire, le carnaval se pose souvent en miroir inversé de la société. Dans certains endroits, les riches se déguisaient en pauvres et les pauvres en riches. Ailleurs, les maîtres servaient leurs domestiques.
Avec les Maries, les hommes deviennent des femmes.
Cette tradition plus récente met en valeur une autre pratique courante dans de nombreux carnavals : la moquerie et la dérision. Elle permet de montrer de manière humoristique les défaut des gens qui nous entourent et ceux du monde dans lequel nous vivons.